Friedhof Marseille abbaye Saint-Victor

„Comme il faisait froid ici ! … Un profond crépuscule pluvieux régnait dans l´église Saint-Victor, et même dans le portail entrouvert. Même ici, à l´intérieur, le mistral courbait sur les autels les petites flammes des cierges. Que la puissante nef est vide ! Et, pourtant, de nouveaux venus y entraient sans cesse. Où pouvaient-ils bien disparaître? …

Déjà, une lumière vacillante tombait de la crypte sur les marches. Nous devions être maintenant sous la ville même, me semblait-il, sous la mer. …

C´est là qu´ils célébraient la messe. Les chapitaux vétustes de très vielles colonnes se transformaient, dans l´onduleux brouillard d´encens, en animaux sacrés grimaçants. Le très vieux prêtre portait une barbe blanche et une étole blanche richement brodée. Il ressemblait à l´un de ces éternels vieux prêtres qui offrent un sacrifice, tandis que leur ville damnée sombre dans l´abîme des mers, parce qu´elle a dédaigné les menaces de Celui qui fonda le roc. Dans leur jeunesse éternellement pâle et qui jamais ne doit mûrir, des enfants de choeur portaient en chantant leurs cierges autour des colonnes !“ …

Anna Seghers Transit